lundi 6 novembre 2023

COLONISER, NÉGOCIER, EXTERMINER ... ÉMOUVOIR

La négociation entre les Lakotas et les Etats-Unis du 2e traité de Laramie (1869)

 

Khaled Satour

Ce qui se passe en Cisjordanie est l’indicateur le plus éloquent des intentions israéliennes en Palestine. Mieux encore, c’est le révélateur du processus en cours de liquidation de la Palestine que cautionnent les États occidentaux et les États arabes, les uns activement, les autres par leur attentisme.

Les autorités israéliennes livrent actuellement la zone C définie par les accords d’Oslo comme relevant de leur contrôle et qui représente 60% des territoires occupés, au diktat des colons qui en excluent par les armes les occupants palestiniens de leurs exploitations, détruisant les habitations, les réservoirs d’eau et les panneaux solaires.

L’aveuglement d'Oslo

L’aveuglement de la direction palestinienne qui a signé les accords de 1993 devient, au regard de ces événements, de plus en plus évident. En acceptant que la plus grande partie de la Cisjordanie demeure sous contrôle israélien, ils l’ont d’abord abandonnée à l’arbitraire de l’administration et de l’armée israélienne, leur permettant ensuite de planifier une politique d’implantation coloniale illimitée qui affecte aujourd’hui à l’exécution du projet de nettoyage ethnique des milices fanatisées.

C’est la preuve que ceux qui continuent à parler depuis le 7 octobre de guerre Hamas/Israël ou même Hamas/Likoud sont des mystificateurs. La guerre menée contre Gaza n’est que le versant sanguinaire et tragiquement démonstratif d’une stratégie que les signataires israéliens des accords d’Oslo avaient froidement préméditée : une stratégie visant à l’expulsion par la violence de la totalité des Palestiniens résidant sur les territoires qu’avait épargnés l’exode de 1948.

Il n’y a donc pas lieu de faire le tri entre les différentes directions qui ont gouverné Israël depuis sa création. De la gauche de Ben Gourion aux nervis d’extrême droite alliés à Netanyahou, en passant par Itzhak Rabin, la fidélité au projet sioniste est restée la même puisqu’il n’a jamais été question depuis le début que de prendre possession, en alternant la guerre et la négociation, de l’intégralité du territoire de la Palestine historique pour en faire la terre judaïsée d’un État juif, ce qui rend caduc le débat sur l’alternative solution à deux États/solution de l’État unique partagé.

La poursuite de la guerre par d’autres moyens

Plus que jamais, la similitude entre les méthodes et les objectifs sionistes et ceux qui ont permis de sortir les Amérindiens de leurs terres ancestrales et de l’Histoire est indéniable. Elle nous rappelle que la violence extrême est à l’essence de tout processus colonial, dans lequel la négociation n’est que la poursuite de la guerre par d’autres moyens.

Les accords d’Oslo ont eu en Palestine la même fonction que les traités successifs qui ont fini par enfermer la nation Sioux dans quelques confettis de territoires. Le premier traité de Laramie de 1851 a reconnu aux Indiens la propriété des Grandes plaines à la condition que les Etats-Unis puissent « y construire des forts et y tracer des routes pour la colonisation ». Le second traité du même nom, signé en 1868, « établit "une Grande Réserve Sioux" protégée des incursions des colons mais placée sous le contrôle du Gouvernement qui y établira des "agences" »[1].

Mais, sous la pression de la colonisation, Washington en venait à considérer en 1889 que ce traité était obsolète et restreignait ce territoire à cinq mini-réserves à l’intérieur desquelles la totalité de la nation Lakota était littéralement incarcérée. Un an plus tard, le 29 décembre 1890, l’ultime résistance Lakota était liquidée à la faveur du massacre de Wounded Knee.

Les accords d’Oslo sont un étonnant concentré des traités signés entre les États-Unis et les Lakotas. La Cisjordanie y est la Grande Réserve qui leur est reconnue en vertu de la résolution 242 des Nations-Unis, qui n'a pas connu le moindre début d'application.Les zones B du « contrôle partagé » (22% des territoires occupés) et C du « contrôle israélien » (60%) y préfiguraient les annexions à suivre, actuellement en bonne voie, en attendant que les « mini-réserves » résiduelles de la zone A (18%) où se retranchent sous bonne garde l’Autorité palestinienne et le Hamas soient à leur tour annexées, après un nettoyage ethnique par tous les moyens du crime de masse.

Une arme comme les autres

On voit donc à quel point la publicité faite sur les « atrocités terroristes » du Hamas qui a permis de convoquer les « pogroms » et l’ « Holocauste » n’était que mystification. En misant sur l’insubmersible argument de l’antisémitisme, cette propagande a donné crédit à l’idée ancrée depuis 75 ans du droit d’Israël à se défendre.

C’était aussi une diversion qui polarisait les regards sur Gaza et sur le Hamas pour mieux les détourner de l’enjeu autrement plus complexe qu’est l’appropriation de la Cisjordanie. En définitive, la légitimation de la sauvagerie génocidaire à l’œuvre à Gaza est implicitement et sournoisement étendue aux crimes invisibilisés commis jour après jour en Cisjordanie, selon la méthode éprouvée en 1948.

Il faut renverser l’adage et dire : « A trop vouloir émouvoir, on tue l’analyse ». On ne dira jamais assez que, dans ce monde dominé par le cynisme des intérêts, l’émotion est une arme comme les autres qui n’a pas plus à voir avec les sentiments que les rugissements du prédateur avec la compassion. En tant que telle, elle est régie comme toutes les armes par le rapport de forces. Le protagoniste le plus puissant, le plus influent, est celui qui fera le plus pleurer dans les chaumières.

Il était donc capital de ne pas céder à l’injonction de dénoncer « les crimes du Hamas » dictée par ceux qui louent les « précautions humanitaires » prise par l’aviation israélienne avant d’écraser Gaza sous les bombes.

Tels sont les différents facteurs mobilisés pour menacer la Palestine dans sa survie. Mais le dernier mot ne sera pas dit tant que la résistance n'est pas vaincue. Les régimes arabes, quant à eux, démontrent qu’ils savent préserver leur survie … dans l’indignité.


[1] Laurent Olivier, Ce qui est arrivé à Wounded Knee, L’enquête inédite sur le dernier massacre d’Indiens, Flammarion, 2021, pp. 32 à 36.

7 commentaires:

  1. Vous avez épuisé le sujet. Il vous reste maintenant à remonter au déluge, à Mathusalem ou mieux à au début de l'homo sapiens pour défendre vos thèses faites de délires et et de complotisme le plus vil. Complotisme qui a atteint son sommet avec votre article sur le cynisme humanitaire israélien car maintenant on sait que la deuxième photo représente les morts palestiniens du Hamas, assassinés sur la route car il voulaient rejoindre le sud de la bande de Gaza et refusaient d'être utilisés comme bouclier humain.

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    1. Le déluge et Mathusalem c’est dans la Torah, mon pauvre ami, et c’est le sionisme qui est remonté à ces fariboles pour justifier son occupation de la Palestine. Quant aux morts sur la route, bien entendu c’est le hamas qui les a tués. Comme les 10.000 civils dont 4000 enfants massacrés à Gaza.

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  2. Sans les colons juifs , venus de tous les coins du monde, l'ancienne Palestine, devenue Israël, serait comparable à tous les pays arabes où anarchie urbanistique et saleté repoussante auraient pris le dessus de tout. Pour preuve les arabes israéliens , qui même s'ils se plaignent d'une forme d'ostracisme, ne quitteraient pour rien ce pays, car ils savent que dans les pays qui les entourent (Gaza et Cisjordanie en tête) et même plus loin en terre arabe, la qualité de vie du citoyen est relégué au second plan, lorsqu'elle n'est pas purement et simplement inexistante. Le génie juif d'Israël a transformé le désert en Eden, participe au premier plan à l'actuelle révolution scientifique et médicale, invente, crée, innove pour la nation israélienne et aussi pour le monde entier. C'est pour cette raison que tout esprit sensé doit reconnaître les prouesses de ce petit pays qui est prêt à tous les sacrifices pour se défendre contre ses barbares d'un autre temps qui veulent l'empêcher d'exister. C'est heureusement ce qu'il est en train de faire avec une détermination sans faille et loin des agitations de quelques farfelus droits-de-l'hommiste à la recherche de leur petit quart d'heure de gloire. Sandra

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    1. Il y a dans votre envolée sur le génie juif de quoi rappeler certains discours d’Hitler sur la supériorité aryenne : « Le génie aryen du Reich participe au premier plan à l'actuelle révolution scientifique et médicale (y compris en se servant des humains comme cobbayes), invente, crée, innove pour la nation germanique et aussi pour le monde entier ». Il est heureux que « quelques farfelus droits-de-l’hommistes » se soient opposés à ses projets. Quand au reste, les Palestiniens préfèrent vivre libres dans la « saleté repoussante » plutôt que colonisés et nettoyés au phosphore blanc.

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  3. Je pense que votre blog est destiné aux bisounours complotistes. Ils sont légion sous les latitudes où la barbarie a été scrupuleusement codifiée et imposée de façon hégémonique par un livre dit sacré, le Coran.

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    1. Et le génocide en cours à Gaza, c’est une barbarie commise au nom de quel livre ?

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    2. الصهاينة عندما تنفد حججهم يهاجمون الإسلام كما فعل اليهود في زمن النبي محمد ﷺ

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