Khaled Satour
Le lynchage à
Larbaâ-Nath Irathen du jeune Djamel Bensmaïl, venu de sa ville de Miliana, à
l’ouest d’Alger, jusqu’en Kabylie, pour participer en qualité de volontaire à
la lutte contre les incendies qui ont ravagé cette région, entretient depuis le
11 août dernier en Algérie un climat qui rappelle les années noires de la
décennie 1990.
Les circonstances
dans lesquelles la victime a été arrachée à la garde de la police pour être
exécutée, décapitée puis brûlée sur la place publique sous l’œil des vidéastes
amateurs diffusant sur les réseaux sociaux, suscitent, après l’effroi qui a saisi
les Algériens, une série d’interrogations sur les coupables et les responsables
auxquelles les premières déclarations des autorités sont loin d’apporter des
réponses satisfaisantes[1].
UN CONTEXTE PROPICE
S’il est exact qu’on ne peut à ce
jour se prononcer sur l’identité des commanditaires du crime, la thèse de
l’emportement d’une foule hystérique poussée par la colère à se saisir d’un
suspect et à lui faire payer de sa vie les brasiers qu’il aurait allumés est
hautement improbable. Les assassins ont agi avec trop de méthode pour que leur
déchaînement soit spontané et infligé à la dépouille de la victime trop d’outrages
maudits par la morale ancestrale pour que leurs actes puissent être imputés à
la folie d’un moment.
Pour comprendre
les répercussions produites par l’événement, il faut le replacer dans son
contexte général marqué par la recrudescence de l’épidémie du Covid, subie
douloureusement par la population dans une désorganisation totale du système
sanitaire, et les deux années pendant lesquelles le régime a fait face au
Hirak. La répression qu’il avait exercée contre les protestataires avait
atteint son point d’orgue au début de l’été (près de 300 personnes se
trouvaient en détention) lorsque le pouvoir avait commencé à concentrer ses
griefs contre la région kabyle même s’il n’y incriminait expressément que le
Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) accusé de menées
terroristes. L’appui apporté par le représentant du Maroc aux Nations-Unis le
14 juillet dernier à l’« autodétermination de la Kabylie »
avait conduit les autorités algériennes à construire la thèse d’un complot
contre l’unité du pays, ourdi par ce mouvement avec la complicité de puissances
étrangères.
Ce sont ces
antécédents qui expliquent l’ampleur qu’a prise le drame de Larbaâ Nath
Irathen. Ils apportent aux faits une genèse qui permet aux autorités
officielles de déclarer aujourd’hui que les instigateurs du lynchage, qu’ils
associent aux pyromanes qui auraient délibérément provoqué les foyers
d’incendie, avaient pour but de « faire exploser le pays[2] ».
Ils fournissent
plus largement au pouvoir la trame d’un récit susceptible d'inscrire des faits qui se sont succédé pendant deux ans et demi, dans une logique et une continuité
dont la chronique faite au fur et à mesure de leur déroulement ne rendait pas
compte. L’effet recherché est d’imposer un décryptage nouveau de tous les événements marquants et de légitimer a posteriori la riposte à laquelle ils ont donné lieu
de la part de l’État et notamment de ses appareils sécuritaires et judiciaires.
La direction dans
laquelle l’Algérie s’est engagée depuis le début du Hirak pouvait présager de
tels développements. L’État et la société se sont lentement acheminés vers la
crise. Ce sont en fait des crises redoublées et concomitantes qui frappent
séparément l’un et l’autre mais qui se combinent pour entraîner dans une dérive
collective le pays, dans toutes ses composantes.
S’agissant de l’État, son recours quasi exclusif à la répression exercée simultanément sous
la forme du droit et en dehors de toute légalité traduit la mise en avant d’une
conception dévoyée de la raison d’État quand on sait que celle-ci n’a jamais
été, dans les mains de la caste militaire, qu’un argument fallacieux pour
maintenir sa tutelle sur le pays.
Quant à la société, elle s’est avérée incapable de s’incarner dans une force de changement décisive qui aurait su donner au Hirak une ambition plus concrète que cette « république des consciences » qu'il n'a cessé de réclamer, dédaignant le vécu des classes défavorisées et se privant d’opposer à la prétendue raison d’État une « raison sociale » qui pèse dans la balance.
Ce déni des
réalités a favorisé la dominance de la revendication identitaire dont la voix a
porté haut, emplissant l’espace que lui abandonnait le mutisme de la
revendication sociale. Le dynamisme tout à fait exceptionnel du Hirak en
Kabylie et l’omniprésence du drapeau amazigh ont en effet d’emblée reporté les
controverses sur la question identitaire.
De sorte que,
parallèlement à la protestation unitaire contre un pouvoir qualifié
d’illégitime et de despotique, un affrontement identitaire a été sans cesse
sous-jacent au mouvement.
Il était donc
fatal que le pouvoir finisse par exploiter ces dissonances en élaborant une
stratégie de reprise en main tout entière destinée à les exploiter. Ayant une
conception strictement instrumentale de toutes les problématiques qui agitent
le pays, il a toujours eu une intuition sûre des opportunités à saisir, des
plaies dans lesquelles porter le fer.
Cependant, en
stigmatisant la Kabylie, c’est une boîte de Pandore qu’il vient d’ouvrir en ce
torride mois d’août algérien. On peut lui faire confiance pour exacerber toutes
les tensions, pour exaspérer tous les sentiments, comme il a toujours su le
faire.
LE RETOUR DU DROIT D'EXCEPTION
Déjà, il a
clairement fait comprendre que cette affaire, aux prolongements si explosifs,
serait gérée par des moyens exclusivement répressifs. Ce qui suppose que la
désinformation sera systématique mais aussi qu’il va renouer avec les procédés
les plus discutables utilisés naguère pendant la décennie sanglante. Il œuvre
déjà à le faire : entre la confusion entretenue sur les circonstances du
lynchage de Djamel Bensmaïl, les aveux arrachés aux suspects devant les caméras
de la télévision au mépris du secret de l’instruction[3] et les appels à la condamnation à mort des suspects de Larbaâ Nath Irathen répercutés par ses médias à la
fois en tant que « demande populaire » et exigence d’appliquer
la loi du talion (qissâs) prescrite par le Coran, le ton est donné.
Tout ceci prépare à l’application
d’un droit d’exception qui livrera le pays à des services de sécurité
omnipotents et à une justice aux ordres.
Et il se trouve que, par une de ces
anticipations dont il a le secret, le régime s’était engagé dans cette voie
depuis plusieurs mois
Le Haut conseil de sécurité avait pris
dès le 19 mai dernier la décision de classer le MAK et l’association Rachad sur
une liste nationale des organisations terroristes qui n’existait pourtant pas
encore.
Cette mise à
l’index avait en effet précédé la promulgation de l’ordonnance n° 21-08 du 8
juin 2021 modifiant l’article 87 bis du code pénal pour élargir la notion
d’acte terroriste et introduire un article 87 bis 13 créant « une liste
nationale des personnes et entités terroristes ». L’acte terroriste,
défini d’abord par le décret législatif du 30 septembre 1992, au plus fort de
la guerre civile, et élargi une première fois par une ordonnance du 25 février
1995 (première version de l’article 87 bis), s’étend désormais, en vertu de
l’ordonnance n° 21-08, à deux catégories d’actions ayant en commun le fait de
viser « la sûreté de l’État, l’unité nationale et la stabilité et le
fonctionnement normal des institutions » (puisque ce sont ces trois finalités qui
fournissent la définition générique de cet acte par le code pénal
algérien). Ces deux nouvelles catégories
d’actions sont le fait :
- « (d’) œuvrer
ou (d’)inciter, par quelque moyen que ce soit, à accéder au pouvoir ou à
changer le système de gouvernance par des moyens non constitutionnels ».
- « (de) porter
atteinte à l’intégrité du territoire national ou d’inciter à le faire, par
quelque moyen que ce soit ».
On remarquera que
la première a pour objectif déclaré de criminaliser, au degré maximal de
gravité, des mouvements tels que le Hirak, alors que la seconde vise
spécifiquement, dans la conjoncture actuelle, une organisation comme le MAK (à
laquelle, pour des raisons qui défient jusqu’à plus ample informé toute
logique, on associe comme complice l’association d’inspiration islamiste
Rachad).
On le voit bien,
une telle extension du champ de définition de l’acte terroriste dans le droit
algérien finit par l’éloigner définitivement de son acception originelle, telle
qu’elle se comprend dans la doctrine, le droit international et la simple
intuition de bon sens : celle d’un acte violent destiné à semer la
terreur. Le droit algérien s’est acharné à dénaturer peu à peu la notion pour
en faire un épouvantail brandi dans le but de décourager toute forme
d’opposition politique, y compris celle qui se fait par des moyens pacifiques.
Mais c’est à
propos d’organisations telles que le MAK que la surenchère pénale est la plus
frappante. Quelle est en effet l’utilité d’en proclamer le caractère
terroriste ?
Le projet du MAK
constitue à n’en pas douter une atteinte à l’intégrité du territoire national
mais celle-ci est réprimée en tant que telle par l’article 79 du code pénal. La
rendre justiciable de l’article 87 bis n’a donc pas d’autre intérêt juridique
que d’aggraver les peines encourues (le profit attendu de la mesure relève en réalité
strictement de la stratégie).
L'IMPASSE DE L'APPROCHE SÉCURITAIRE
Surtout, c’est
avec les moyens politiques et institutionnels de la nation soutenus par les
ressources de la mobilisation la plus large qu’un projet visant à détacher une
portion du territoire algérien pour en faire un État indépendant devrait être
combattu. C’est la constitution du pays qui est attaquée. Et je ne parle pas de
la constitution actuelle, celle du 30 décembre 2020, dont l’article 1e
affirme que l’Algérie est une république démocratique et populaire « une et
indivisible », ni d’ailleurs d’aucune des constitutions formelles qui
l’avaient précédé, à commencer par celle de 1963.
Je fais référence
à l’acte primordial qui a fait accéder l’Algérie au concert des nations :
la proclamation de l’indépendance par le gouvernement provisoire de la
République algérienne du 5 juillet 1962. Elle est l’acte fondateur,
l’expression originelle du pouvoir constituant du peuple qui a donné naissance
à l’Algérie en tant qu’État souverain à l’intérieur de frontières intangibles.
Cette proclamation était consécutive au référendum d’autodétermination du 1e
juillet 1962 dont les résultats furent annoncés officiellement le 3 juillet. Le
processus référendaire résultait lui-même de négociations ardues menées avec le
gouvernement français et dont le GPRA s’est obstiné à retarder l’aboutissement
pendant plus d’un an à seule fin de déjouer les tentatives faites pour amputer
l’Algérie de son territoire saharien.
En conséquence de
cet acte fort, toute velléité de soustraire à la souveraineté du pays une
quelconque portion de son territoire équivaudrait à aliéner les fruits de la
lutte menée pour l’indépendance et à renier les sacrifices consentis pendant
près d’un siècle et demi pour que l’Algérie existe. La
question de savoir si les lois constitutionnelles votées depuis lors ont
réellement été l’accomplissement de cette décision politique fondatrice est
certes plus que jamais d’actualité. Il n’est cependant pas contestable que
l’article 1e de l’actuelle constitution de 2020, adoptée par un
référendum boudé par l’écrasante majorité du corps électoral, ne doit être
regardé dans une perspective historique plus large que comme la timide
confirmation d’un pouvoir constituant du peuple exprimé authentiquement il y a
une soixantaine d’années.
Le problème du MAK
ne peut être traité légitimement que dans ce cadre. Il faut alors rejeter comme
inadéquat l’approche étroitement sécuritaire qu’en fait le pouvoir et
simultanément déclarer irrecevables les arguments iréniques que certains tirent
du caractère prétendument pacifique du mouvement pour le justifier.
S’agissant de la
contestation de l’approche sécuritaire :
– Celle-ci est, d’une part, l’aveu fait par le
régime de l’épuisement de ses ressources de légitimation. Le fait qu’il ne
traite la question du MAK que par une surenchère pénale révèle une attitude de
renoncement qui entérine sa sortie de la trajectoire historique tracée par
l’acte constituant du 5 juillet 1962. Il est significatif à cet égard que,
procédant en juin dernier à un élargissement de la notion d’acte terroriste, il
ait jugé politiquement opportun d’y intégrer dans un même mouvement les actes
légitimes visant à libérer l’expression démocratique et les menées
sécessionnistes. Ce faisant, il entretenait un amalgame entre des actions
citoyennes dévouées, malgré toutes les critiques qu’on peut leur adresser, à
l’élargissement du champ politique, et les entreprises ouvertement vouées à la
partition du pays. En vérité, c’est la force et la crédibilité qu’il a perdues
en combattant le Hirak qui nuisent à sa riposte au sécessionnisme du MAK.
N’a-t-il pas abusé depuis 2019 de l’accusation d’ « atteinte à
l’unité nationale » pour criminaliser l’expression de toutes les opinions ?
Tant qu’il demeurera sourd à l’injonction de se réformer qui lui est adressée
de toutes parts, il découragera la mobilisation du pays pour la défense de
l’intégrité du territoire contre les dangers réels qui la menacent. Or, il a
suffisamment prouvé qu’il persisterait dans sa fuite en avant, la société
algérienne ayant pour sa part prouvé qu’elle n’était pas assez forte pour l’en
dissuader.
– Mais cet état de fait est aussi, d’autre
part, l’indice que le pouvoir ne pointe du doigt le MAK que pour le confondre
insidieusement avec tous les autres contestataires. L’assimilation au
terrorisme de toutes les activités d’opposition qui débordent le cadre de ses
institutions n’est pas une maladresse dans la formulation de l’article 87 bis.
Elle matérialise une volonté délibérée de signer l’arrêt de mort du Hirak
actuel et de tous ceux à venir. Dans l’immédiat, elle a pour objectif de
creuser la fracture identitaire entre « Kabyles » et
« Arabes » qu’il s’est assidûment efforcé d’amplifier tout au long
des années du Hirak. Il opère en cela selon le même schéma qui lui avait
permis, il y a une trentaine d’années, de diaboliser les larges secteurs de la
population qui avaient voté pour le Front islamique du salut (FIS) en 1991. On
n’ose pas imaginer qu’il aboutisse au même résultat qu’il avait alors
réalisé : l’excitation d’une frange d’« éradicateurs » à
approuver et à encourager une pratique systématique de la torture, de la
liquidation extra-judiciaire et de la disparition forcée.
UNE CERTAINE COMPLAISANCE
S’agissant des
thèses justificatrices du MAK au nom de la démocratie et de la
non-violence :
Même si on est
fondé à considérer que ce mouvement est à ce jour accusé arbitrairement d’avoir
ourdi les derniers événements de Larbaâ Nath Irathen, il est ahurissant que
certains puissent exciper de son caractère pacifique pour soutenir que son
projet et son action doivent être respectés au titre de la liberté d’opinion et
du pluralisme. Le projet concocté par les idéologues du MAK n’est-il pas
violent par essence, quels que puissent être les déguisements dont s’affublent
les méthodes et les actions qu’il préconise ? Ne vise-t-il pas à anéantir les
acquis historiques de l’Algérie moderne, à faire disparaître le pays lui-même
tel qu’il a décidé d’exister en tant que nation pour la première fois dans
l’histoire depuis 1962 ?
Il invoque l’autodétermination
contre la volonté historique qui en a résulté, faisant mine de considérer que
le verdict qu’elle a prononcé en juillet 1962 est devenu caduc. Or, c’est à
cette source constituante que s’abreuvent à ce jour, tout au moins dans le
discours, toutes les luttes menées pour projeter le pays dans l’avenir. Il est
en conséquence certain qu’en plus de cette violence symbolique qui est
inhérente à sa simple formulation, le projet ne pourra prétendre s’accomplir
sur le terrain sans provoquer les pires désordres car toute velléité de
sécession de la Kabylie, dont l’extrémité occidentale se situe à peine à 80
kilomètres de la capitale, conduirait à la guerre civile.
Force est donc de
constater qu’une partie des courants berbéristes impliqués dans le Hirak et
plus généralement dans les luttes nationales pour la démocratie entretiennent
une certaine ambiguïté dans leur attitude à l’égard de ce mouvement. Le fait
est que leur combat pour l’« amazighité » (un des néologismes forgés
ces dernières années sur la base d’une idéologie historique dont le caractère
révisionniste est indéniable) les a associés pendant longtemps à ceux qui
allaient fonder le MAK et que cette communauté de lutte les porte à juger
celui-ci avec une certaine complaisance. Le résultat est que la confusion est à
son comble. On a vu cet été des manifestations organisées dans certaines
capitales occidentales pour dénoncer la « répression en Kabylie »
dans lesquelles l’emblème amazigh côtoyait le drapeau du MAK.
Mais là encore,
l’attitude agressive du pouvoir n’est pas faite pour encourager les
décantations. Ce n’est pas sous l’injonction sécuritaire et dans l’hystérie
qu’elle libère contre la région kabyle qu’une clarification pourra être
obtenue.
En fait, il est à
craindre que le régime pousse à brouiller toutes les cartes. Il appartiendra
donc à la société de mobiliser enfin ses énergies en tenant compte des enjeux
du présent et de l’avenir. A ce titre, si un recours raisonné aux textes
fondateurs du pays est nécessaire pour défendre l’unité du pays, l’invocation
incantatoire et compulsive du passé nationaliste s’avèrerait improductive et
même dangereuse. Des manipulations répétées mécaniquement l’ont vidé de toute
signification au point qu’il n’est plus qu’une référence opportuniste sollicitée
à tout va pour attiser les haines et les divisions.
NOTES :
[1] Le procureur de la République de Larbaâ Nath
Irathen et le directeur général de la police n’ont pas la même version
des conditions dans lesquelles Djamel Bensmaïl a été pris en charge par les services
de sécurité. Le directeur de la Sûreté a tenté de
justifier la passivité de ses agents tout au long du calvaire subi par le
malheureux, en expliquant qu’ils avaient « évité
de tirer des coups de semonce suite aux instructions (…) pour éviter tout dérapage
sécuritaire dangereux face à une foule hystérique ». Mais cela
n’explique pas qu’on n’ait pas fait acheminer des renforts d’urgence alors que
la région était sous tension depuis plusieurs jours et que la présence
sécuritaire devait y être dense et dotée de moyens de déplacement rapides, ne
se limitant assurément pas aux effectifs de police dérisoires qu’il a recensés.
Les assaillants ont eu tout loisir d’investir le
fourgon de police où Djamel Bensmaïl était retenu et où il devait être
poignardé plusieurs fois avant d’en être extrait et d’être livré longuement aux
coups de la foule puis à ses actes de barbarie.
[2] La présidence de la République
algérienne a fait savoir le 19 août, à l’issue de la réunion du Haut conseil de
sécurité que l’implication « des mouvements terroristes MAK et
Rachad » dans les incendies et dans l’assassinat du défunt Djamel Bensmaïl »
était prouvée. Elle a accusé « en particulier le MAK, qui reçoit le
soutien et l'assistance de parties étrangères, notamment du Maroc et de l'entité
sioniste ».
[3] Les Algériens gardent en souvenir les aveux extorqués en octobre 1992 devant
les caméras de la télévision à ces malheureux boucs émissaires, portant les
stigmates des tortures qu’ils avaient subies, accusés de l’attentat à la bombe
commis à l’aéroport d’Alger en août de la même année. Jugés par une cour
spéciale instituée par la législation antiterroriste, leur condamnation à mort
suivie d’exécution avait été anticipée par cette macabre mise en scène.