vendredi 2 février 2024

DÉSHÉRENCE

Le discours prononcé par Yasser Arafat devant l'Assemblée générale de l'ONU le 13 novembre 1974

Khaled Satour

Il n’y a pas de tiers impartial en mesure d’imposer une fin de l’attaque génocidaire d’Israël sur Gaza. Et il n'y a plus de camp anticolonialiste pour appuyer la résistance palestinienne avec la force nécessaire.

Beaucoup d’espoirs ont été mis dans la saisine par l’Afrique du Sud de la Cour internationale de Justice. Mais cette cour a pour l’instant failli à ses obligations puisqu’elle a tout fait pour que sa décision préliminaire du 26 janvier dernier passe inaperçue. Le recentrage du débat sur une trêve humanitaire ayant pour seule but la libération de quelques dizaines d’otages, alors que des centaines de Palestiniens sont massacrés chaque jour depuis 5 mois, a suffi pour mettre le droit humanitaire hors-jeu et permettre aux tractations diplomatiques en vue d’une trêve dite « de longue durée » d’occuper le terrain.

Le droit a été chassé des débats au profit du rapport de forces et ce résultat a été obtenu pour conforter la position défendue depuis toujours par les États-Unis, soucieux d’imposer la logique des relations internationales dont ils maîtrisent les règles.

Pourtant, c’est le droit qui était le mieux habilité à donner la juste mesure de la tragédie de Gaza dont les ressorts sont tout entiers ceux d’une entreprise d’extermination à caractère colonial dont les ingrédients de haine et de fanatisme se manifestent dans les méthodes de guerre utilisés par Israël. 

Ces méthodes ont été constamment là, qu’il s'agisse  du massacre de masse, de la politique de terre brûlée mise en œuvre sur toutes les parties du territoire qu’il a investis, de l’exode massif imposé aux populations, dans de véritables marches de la mort qui ne le cèdent pas en horreur à celles imposées au autochtones amérindiens au 19e siècle, dans la perspective d’exiler définitivement le plus grand nombre de Palestiniens possibles et de réimplanter sur la tabula rasa qu’Israël aura faite de Gaza des colonies paramilitaires habités par les plus illuminés de ses ressortissants.

Il y avait toutes les raisons d’opposer à ces méthodes pratiquement l’ensemble des principes que le droit international a mis une soixantaine d’années à inscrire à son répertoire de la décolonisation : le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le principe de l’autodétermination, le droit à se défendre contre l’occupation, l’obligation mise à la charge de l’occupant d’assurer la protection de la population sous son autorité, sans parler de la prohibition des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité, de la destruction des infrastructures civiles et du patrimoine culturel.

Au lieu de quoi, Israël a imposé sa vision d’une guerre qui l’opposerait au Hamas, organisation qualifiée de terroriste, et qu’elle aurait le droit de mener à son terme quelles qu’en soient les conséquences subies par deux millions et demi de civils.

Cette régression à l’ère où prédominaient sans conditions les desseins ainsi que les moyens de la conquête et de la barbarie impériales n’a pu se faire que parce les États issus de la décolonisation ont renié leur histoire et les liens de solidarité qu’ils y avaient forgé, de sorte que l’œuvre qu’ils ont imposée au jurislateur international, quand ils avaient investi les enceintes internationales dans les années 60 du siècle dernier, est désormais en déshérence. Elle est atteinte de la caducité dont les peuples avaient eu l’illusion de frapper le colonialisme de façon irrévocable.

Pour échapper à une trêve qui serait synonyme d’une reddition, la résistance armée palestinienne devra affronter seule les pressions de ses ennemis relayées par le harcèlement de deux faux amis qui, sous l'alibi de la médiation, ne font que la sale besogne des rabatteurs.

Hors ce champ clos dans lequel la cause palestinienne est peut-être en passe d’être liquidée, il n’y a que des ombres qui s’agitent, notamment dans les couloirs désaffectés du Conseil de Sécurité et dans les bureaux climatisés de Ramallah.    

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