jeudi 25 avril 2024

RAFAH : GROS MASSACRES ENTRE VOISINS

Une vue des campements de Rafah où s'entassent un million et demi de déplacés

 

Khaled Satour

Israël prépare activement son attaque contre Rafah. Une attaque, présentée comme « imminente », « inévitable », qui tournera forcément au massacre parce qu’Israël ne sait pas faire autrement et parce que toutes ses guerres ne sont qu’un prétexte au massacre.

Mais il veut donner l’illusion qu’il va épargner les civils. Et c’est la raison pour laquelle il s’accorde deux semaines pour évacuer un million et demi de personnes vers des enclaves dites « humanitaires » et notamment vers Khan Younès où il serait prévu d’installer « des équipements médicaux tels que des hôpitaux de campagne ».

Le monde est supposé croire qu’Israël, qui vient de réduire en ruines fumantes l’hôpital de Khan Younès faisant de son site une gigantesque fosse commune d’où ont été retirés plus de 300 civils massacrés, décapités, écorchés, vidés de leurs organes, après avoir été sauvagement torturés, se préoccupe d’assurer en ce lieu aux réfugiés les conditions de sécurité et de santé requises[1].

La fosse commune de Khan Younès aux abords de l'hôpital Al Nasser dévasté par l'armée israélienne

En tout cas la presse occidentale se fait un devoir de nous en convaincre alors qu’en réalité le transfert massif qui s’annonce est un élément à charge contre Israël qui étaie la thèse du génocide. Les familles palestiniennes ont en effet déjà été chassées plusieurs fois sous les bombardements vers des lieux successivement décrétés comme sûrs avant de se regrouper à Rafah où elles continuent à être massacrées sans relâche. La sinistre chasse à courre dont elles n’ont pas cessé d’être la proie constitue une chaîne ininterrompue de crimes de guerre. Ceux d’entre les survivants qui ont tenté de rejoindre leurs demeures du Nord ont été fauchés par la mitraille au cours de ce mois d’avril. 

Qu’elles soient en mouvement à la recherche d’un hypothétique lieu sûr ou qu’elles se résignent à s’établir quelque part pour reprendre leur souffle, elles n’échappent pas à la mort programmée par la soldatesque sioniste. On peut donc affirmer avec certitude que, sur la route de Khan Younès où on veut les lancer en masse ou lorsqu’elles seront arrivées à destination dans « les enclaves humanitaires » qu’on leur prépare, elles seront exposées à toutes les formes de mort violente dont Israël a désormais raffiné les procédés.

Tout le monde le sait et pourtant Israël parle de ses préparatifs d’attaque contre Rafah comme s’il annonçait un banal nettoyage de printemps auquel on procède avec l’aide de toutes les bonnes volontés du voisinage qui aident en toute convivialité à dégager les espaces où les tapisseries, les meubles et les encombrants de toutes sortes vont être entreposés afin de libérer les lieux qui seront nettoyés à grande eau.

Nul ne semble s’aviser que le mobilier gênant est constitué par des centaines de milliers de civils Palestiniens exténués qui repartent pour un tour qui sera sans doute le dernier pour nombre d’entre eux. Cela se passe dans la concertation la plus routinière avec l’Égypte comme si Israël ne constituait avec son voisin égyptien qu’une paisible communauté villageoise unie par des liens de solidarité anciens et une tradition de coopération pacifique.  Ce nettoyage de printemps fait en effet l’objet de consultations entre l’état-major israélien et les services de renseignements d’Al Sissi réunis depuis mercredi en conclave au Caire.

Selon des responsables égyptiens cités par le Wall Street Journal, l’évacuation des civils de Rafah vers Khan Younès bénéficiera aussi de l’active participation des Etats-Unis, des Emirats et d’autres pays arabes[2].

Ainsi donc, trois mois après l’ordonnance rendue par la Cour internationale de justice accordant à Israël un délai d’un mois pour justifier de mesures destinées à écarter le risque de génocide et une trentaine de jours après la résolution du Conseil de sécurité exigeant un « cessez-le-feu immédiat », l’armée d’occupation s’apprête à mettre la dernière touche à Gaza à la solution finale qu’elle ne cesse d’annoncer depuis plusieurs semaines.

Et tout le monde y adhère de bon cœur : les régimes arabes qui partagent sa volonté d’éradiquer la résistance armée, l’Autorité palestinienne qui, soucieuse de préserver les miettes de pouvoir et de ressources tirées des accords d’Oslo, se confine dans un silence complice et les États-Unis dont le Parlement vient de voter au profit de l’armée criminelle un crédit de 13 milliards de dollars.

Le monde entier est prêt à aider Israël à se débarrasser des organisations de la résistance armée palestinienne. Une seule voix manque à l’unanimité : celle de ladite résistance. Qui aura son mot à dire.


[1] Voir l’article repris de l’AFP et publié par Times of Israël le 24 avril sous le titre :  Israël prévoit de déplacer les civils de Rafah vers Khan Younès – responsables égyptiens. https://fr.timesofisrael.com/liveblog_entry/israel-prevoit-de-deplacer-les-civils-de-rafah-vers-khan-younes-responsables-egyptiens/

[2] Voir l’article publié le 23 avril par l’Orient Le Jour sous le titre : Les EAU et l’Égypte se prépareraient à « coordonner » avec Israël l’évacuation de Rafah.

https://www.lorientlejour.com/article/1411402/les-eau-et-legypte-se-prepareraient-a-coordonner-avec-israel-levacuation-de-rafah.html

 

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