Khaled Satour
Ce n’est pas un événement anodin. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) vient de rendre publique une résolution adoptée par son bureau « sur le génocide en cours et les autres crimes commis par Israël à Gaza et contre le peuple palestinien[1] ».
Un génocide est en cours à Gaza, voilà ce que déclare une organisation dont l’histoire se confond avec celle des droits humains et qui regroupe 190 ligues de défense de ces droits présentes dans 112 pays.
La résolution fait le constat suivant :
« Le type d’attaques et de mesures israéliennes qui ciblent davantage la population de Gaza depuis le 7 octobre, les punitions collectives, les déplacements forcés, l’utilisation par Israël de la famine comme arme de guerre, les coupures d’approvisionnement en eau, en électricité et en carburant, ainsi que les déclarations publiques et répétées de l’armée et de hauts dirigeants du gouvernement israélien, constituent autant de preuves de l’intention et des actes génocidaires d’Israël dans le cadre de son agression en cours ».
La matérialité des actes génocidaires est donc considérée par la FIDH comme établie de même que l’intention génocidaire exigée par l’article II de la Convention internationale pour la prévention et la répression du crime de génocide et qui constitue sa pierre angulaire en même temps que la pomme de discorde la mieux faite pour dissuader de toute action.
Bien qu’elle se déclare par ailleurs consciente de « l’incapacité des États tiers et de la communauté internationale à reconnaître la situation et à empêcher les graves violations du droit, les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide en cours, et à tenir Israël pour responsable », la FIDH n’en appelle pas moins les États à prendre de toute urgence une série de mesures pour notamment « garantir un cessez-le-feu immédiat » et « s’assurer qu’Israël s’abstienne de toute nouvelle incitation et actes de génocide ».
Surtout, elle appelle « les États signataires de la Convention sur le génocide à demander aux organes compétents des Nations unies de prendre les mesures nécessaires en vertu de la charte des Nations unies pour empêcher et réprimer les actes de génocide, notamment en saisissant la Cour internationale de justice d’actes relevant de l’article IX de la Convention sur le génocide ».
Elle avoue en cela avec réalisme les limites de son action : ce sont les États, dans le cadre des Nations-Unies, qui doivent prendre le relais avec tous les obstacles qu’ils ne manqueront pas de rencontrer eu égard aux rapports de force favorables à l’État génocidaire d’Israël.
Elle fait en en même temps en cela l’aveu de notre impuissance à nous tous qui souffrons des souffrances indicibles des Palestiniens, à un niveau qui n’en atteindra cependant jamais l’intensité.
S’ajoute à cette souffrance solidaire, le chagrin que nombreux sont parmi nous à ressentir devant l’inaction confinant à l’indifférence de l’État algérien dont il ne reste pourtant du socle de légitimité que le régime avait jusque-là préservé que son soutien nominal à la cause palestinienne.
On ne peut pas dire que le régime algérien soit un praticien actif des droits de l’homme et des droits de la citoyenneté en général. Mais, si nos droits de citoyens sont reniés, il nous reste peut-être la possibilité de lui opposer nos devoirs et plus particulièrement le devoir de le rappeler à ses devoirs.
Nous devons donc, assumant le risque de passer pour des naïfs, demander au gouvernement algérien, signataire de la convention de 1948, d’invoquer la résolution de la FIDH appuyée par les avis convergents des nombreux experts internationaux qui se sont exprimés[2] et d’engager auprès des Nations-Unis une action au besoin concertée avec d’autres États afin que soit mise en œuvre la procédure appropriée pour empêcher et réprimer les actes de génocide perpétrés par Israël à Gaza [3].
[2] https://www.middleeasteye.net/fr/actu-et-enquetes/guerre-gaza-israel-genocide-palestiniens-experts-crimes-etat
[3] Il importe peu qu’une telle initiative échoue au Conseil de sécurité. Ce qui compte c’est d’exercer une pression politique à l’échelle de la « communauté internationale » et de donner du retentissement au débat sur les crimes d’Israël.
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