dimanche 24 septembre 2023

UN FILM À LA GLOIRE DE BEN M’HIDI RÉALISÉ PAR UN ADEPTE D’AUSSARESSES !


 

Khaled Satour

Lisez cet article publié sous forme de billet de blog sur le site de Mediapart[1].

On y trouve cet échange entre son auteur et le réalisateur du biopic sur Larbi Ben Mhidi :

« Viviane Candas : Ben M'hidi fut torturé et tué par le général Aussaresses auquel certains en France comparent le général Nezzar, avec la théorie du kituki (qui-tue-qui?). Nous venons d'apprendre que ce vieux général algérien sera traduit devant la justice suisse pour "crimes contre l'humanité" sur des plaintes déposées par des ONG en Europe.

Bachir Derraïs : Ce n'est absolument pas comparable, Aussaresses ou Bigeard défendaient le colonialisme français contre une guerre de libération nationale, notre révolution. Dans le cas de la décennie noire, il s'agissait d'une guerre interne à l'Algérie, une guerre civile. Cette comparaison est intolérable, autant que de traduire en justice le général Nezzar ! »

Ainsi, M. Derraïs nous explique que la torture peut être vertueuse lorsqu’elle sert une cause qu’on estime juste. Qu’elle était intolérable lorsqu’elle était appliquée par l’armée coloniale à des Algériens mais qu’elle était justifiée quand elle était appliquée dans « une guerre interne à l’Algérie, une guerre civile ».

La fin justifie les moyens. C’est très exactement la défense adoptée par Aussaresses, tortionnaire de Ben Mhidi qui était convaincu lui aussi que « sa » cause, la cause coloniale était juste.

En droite ligne de son apologie de Nezzar et de sa défense de la torture « entre Algériens », que pourrait donc nous dire M. Derraïs de la torture pratiquée sous la supervision du général en octobre 1988 sur des milliers d’Algériens raflés au hasard et suppliciés de la manière la plus effroyable dans de multiples centres de torture ouverts dans plusieurs villes du pays (voir l’ouvrage publié l’année suivante par le Comité national contre la torture dont le retentissement fut énorme) ?

A cette époque-là, pourtant, la seule « guerre interne » qui sévissait en Algérie était celle qui faisait rage entre les clans du pouvoir.

Il y a une seule position éthiquement concevable sur la torture : elle constitue un crime inacceptable quels qu’en soient les circonstances et les motifs. Cette position vaut pour le passé mais aussi pour l’avenir à l’heure où le durcissement autoritaire et liberticide du régime algérien laisse présager le pire.

Bachir Derraïs adepte des thèses d’Aussaresses (quoi qu’il puisse y objecter) n’était pas digne de réaliser le biopic sur Larbi Ben M’hidi. Il salit la mémoire de ce grand combattant de la cause nationale en soutenant les thèses de celui qui fut son tortionnaire et son assassin.

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