samedi 28 septembre 2024

CEUX QUE RÉJOUIT L’ASSASSINAT DE HASSAN NASRALLAH…


 

Khaled Satour

L’assassinat de Hassan Nasrallah, hier 27 septembre, lors d’une attaque israélienne dans la banlieue Sud de Beyrouth qui a provoqué un nouveau massacre de la population civile semble réjouir une partie de l’opinion arabe à en croire certains médias, notamment du Golfe.

Une campagne de suspicion sur les capacités combattantes du Hezbollah avait été déclenchée dès avant la mort de son leader, dans la résurgence du ressentiment cultivé contre le parti chiite depuis qu’il s’était impliqué, aux côtés du régime de Bachar Al Assad, dans la guerre civile syrienne de la précédente décennie.

Cette campagne et la désaffection alimentée par certains régimes et milieux éditoriaux arabes à l’endroit d’un mouvement de résistance qui démontre depuis des décennies la constance de son opposition à Israël sont symptomatiques de la régression de l’idéal de résistance aux menées criminelles et expansionnistes d’Israël, au profit de l’alignement dans le conflit chiite-sunnite entretenu depuis le prétendu « printemps arabe ».

On exhume la rengaine sur les « massacres du Hezbollah »[1] en Syrie en oubliant de préciser que ce parti n’est entré dans le conflit qu’en 2013 alors que les mercenaires djihadistes armés et financés par les Etats du Golfe sous le patronage américain avaient commencé leur travail de dévastation depuis la fin de l’année 2011. La prétendue « révolution syrienne » n’a jamais été en effet qu’une immense entreprise de subversion téléguidée de l’étranger comme devait le reconnaître l’ancien premier ministre qatari Hamad Ben Jassim lors de son grand déballage de 2017, au plus fort du différend entre Doha et Ryad. Confirmant que les deux pays avaient soutenu militairement la branche syrienne d’El Qaeda, il avait précisé que « le soutien militaire aux insurgés syriens transitait par la Turquie et se faisait en coordination avec les forces américaines, turques, qatariennes et saoudiennes ».  Selon son propre aveu, le seul trésor qatari a déboursé pour financer l'opération la somme de 137 milliards de dollars[2].

Le Hezbollah avait d’autant plus motif à s’impliquer que les hordes djihadistes à la solde des monarchies et de l’Occident recevaient ouvertement l’appui logistique et aérien d’Israël[3].

Ceux qui exploitent pernicieusement les actuelles déconvenues du Hezbollah tentent de redonner vie à l’alliance sunnite contre l’Iran dont le seul objectif était de préparer la normalisation avec Israël.

On peut à bon droit faire au Hezbollah le reproche d’avoir secouru un régime syrien coupable de crimes de masse contre ses ressortissants, mais dans le déchaînement d’atrocités perpétrées par toutes les parties au conflit (les allégations d’exactions attribués au parti chiite étant celles qui ont été le moins attestées), il faut au moins lui reconnaître une fidélité jamais démentie à son engagement contre Israël.

Quoi qu’il en soit, alors qu'il ne s’est impliqué dans la présente confrontation qui lui coûte si cher que par solidarité avec Gaza, abandonnée à son sort par tous et d’abord par ceux qui le dénigrent, on commence à déceler dans les propos de certains commentateurs qui disent soutenir la cause palestinienne des réserves sur la stratégie du Hezbollah qui ne peuvent que ravir les criminels israéliens. 

Or, il est clair que dissocier le combat de la résistance palestinienne de celui de la résistance libanaise, dans des circonstances telles que celles d’aujourd’hui, équivaut à renier les deux.


[1] Voir notamment l’article intitulé  Pourquoi les peuples arabes détestent les milices du Hezbollah  (ويسألونك لماذا تكره الشعوب مليشيات حزب الله) publié le 25 septembre par alarabya.net : https://www.alarabiya.net/politics/2024/09/25/%D8%A7%D9%84%D8%B4%D8%B9%D9%88%D8%A8-%D9%85%D9%84%D9%8A%D8%B4%D9%8A%D8%A7%D8%AA-%D8%AD%D8%B2%D8%A8-%D8%A7%D9%84%D9%84%D9%87

[2] Syrie, le Qatar crache le morceau, L’Humanité du 30 octobre 2017 : https://www.humanite.fr/monde/-/syrie-le-qatar-crache-le-morceau

[3] Syrie. Sur le Golan, Israël aide et finance les rebelles, L’Humanité du 28 juin 2017 : https://www.humanite.fr/monde/syrie/syrie-sur-le-golan-israel-aide-et-finance-les-rebelles

 

 

mardi 24 septembre 2024

« HOURIS » : LA DOUBLE PEINE


Khaled Satour

J’ai acheté le livre de Kamel Daoud, j’en ai lu les 46 premières pages et j'ai été incapable de pousser plus loin. J'ai interrompu ma lecture car je n’en pouvais plus de forcer les barrages que l’auteur dressait devant moi à chaque page comme pour dissuader ma bonne volonté, qui se muait de page en page en un véritable consentement au sacrifice.

L’insistance sur les descriptions des séquelles anatomiques gravées dans le corps de l’héroïne, à demi égorgée au cours d’un massacre perpétré en 1999 dans un hameau de la région de Relizane, Had Chekala, les détails réitérés à foison des handicaps sensitifs que ce crime lui a causés m’ont épuisé et conduit à déclarer forfait.

A quoi il faut ajouter la laborieuse trouvaille de son dédoublement linguistique (« sa langue intérieure et sa langue extérieure ») qui revient lourdement à chaque page, occasion que l’auteur ne manque pas de saisir pour accabler la langue arabe, la caricature faite de la condition de la femme algérienne, l’abus de la symbolique du sacrifice d’Abraham, entre autres clichés conventionnels et attendus dans lesquels KD déguise en éléments romanesques les discours de dénigrement qu’il délivre aux médias français depuis des années.

J’ai quand même lu en diagonale plusieurs autres chapitres du livre et la récurrence des thèmes de l’égorgement, des corps décapités, du sang qui coule à flots, de la métaphore du mouton du sacrifice m’a convaincu que j’avais eu ma dose. L'imagerie coloniale ne se bonifie certainement pas lorsque c'est l'indigénat qui la relaie.

Pour faire de l’audace de l’ouvrage un argument de vente, l’éditeur mentionne en quatrième page de couverture que « l’Algérie a voté des lois pour punir quiconque évoque la guerre civile » et l’auteur renchérit en exergue en reproduisant le texte de l’article 46 de l’ordonnance de 2006 portant mise en œuvre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. En réalité, ce texte complète celui de l’article 45 pour criminaliser toute tentative de mettre en cause le comportement des services de sécurité et des institutions de l’État en général[1].

Or, le roman ne sort à aucun moment des clous de la version officielle des événements de la décennie noire. Les massacres sont tous attribués aux islamistes et même lorsqu’il cède à ses penchants de chroniqueur et affadit la fiction par le rappel de faits datés, l’auteur ne se hasarde à aucun moment à évoquer la torture de masse et les disparitions, alors même que les milices et autres groupes de patriotes avaient fait l’objet à ce sujet d’accusations précises formulées en leur temps par des victimes directes dans la région de Relizane qui est le théâtre du roman (le massacre de Had Chekala a en réalité eu lieu en janvier 1998) [2].

Ferai-je une nouvelle tentative de lecture de ce roman, ne serait-ce que pour amortir les 23 euros que j’ai déboursés pour l’acquérir ? Ce n’est pas sûr, je risque trop d’ajouter la souffrance à la dépense, la double peine, quoi.


[1] Texte de l’article 46 : Est puni d’un emprisonnement de trois (3) ans à cinq (5) ans et d’une amende de 250.000 DA à 500.000 DA, quiconque qui, par ses déclarations, écrits ou tout autre acte, utilise ou instrumentalise les blessures de la tragédie nationale, pour porter atteinte aux institutions de la République algérienne démocratique et populaire, fragiliser l’État, nuire à l’honorabilité de ses agents qui l’ont dignement servie, ou ternir l’image de l’Algérie sur le plan international.

Les poursuites pénales sont engagées d’office par le ministère public.

En cas de récidive, la peine prévue au présent article est portée au double.

[2] Ihsane El Kadi, Chronique du procès des «charniers», Le quotidien d'Oran du 12 février 2002.


mercredi 18 septembre 2024

GÉNOCIDE + TERRORISME : L’EXTENSION DU CHAMP DE LA BARBARIE ISRAÉLIENNE

 

Khaled Satour

Il importe peu que les 5000 bipers piégés acquis par le Hezbollah aient été livrés par le titulaire de la marque, le taïwanais Gold Apollo, ou par son partenaire hongrois BAC qu’il désigne pour se disculper. Quoi qu’il en soit, la faille sécuritaire est là, grave, inquiétante. Qu’un matériel soit importé en si grand nombre et distribué aux militants sans aucune expertise préalable, dans un contexte de guerre ouverte avec Israël, est inexplicable. On verra si Hassan Nasrallah trouvera, dans la déclaration qu’il doit faire demain, quelque biais pour s’en dédouaner.

Mais cette tragédie qui a entraîné la mort de 9 personnes et causé des blessures graves à près de 3000 autres devrait surtout attirer l’attention sur ce qui n’est rien de moins qu’un acte terroriste de masse commis en toute impunité par Israël et qu’on ne songe pas apparemment à dénoncer comme tel.

Les appareils ont explosé hier un peu partout sur le territoire libanais loin du champ de bataille mais dans les divers espaces de la vie civile et notamment familiale de leurs détenteurs et c’était bien là l’intention des auteurs de cette opération : tuer et blesser indistinctement les militants du Hezbollah et des enfants et des adultes faisant partie de leur entourage habituel ou occasionnel.

Cet acte terroriste, totalement dissocié de la guerre et des justifications que celle-ci peut fournir à ses auteurs, s’apparente aux attaques du 11 septembre et excède de beaucoup l’arbitraire, la barbarie et l’envergure des attentats attribués aux organisations islamistes ces dernières années sur le territoire de nombreux États européens. Contemporain du génocide en cours à Gaza, il confirme qu’Israël est détentrice d’un permis de tuer sans limite et sans avoir de comptes à rendre à la si mal nommée communauté internationale.

La preuve en est qu’il ne semble devoir susciter chez les dirigeants occidentaux et arabes qui cautionnent la folie criminelle israélienne et dont certains ont probablement trempé dans sa réalisation, aucun sursaut tardif de la conscience.

Cet épisode est propice à une extrapolation sur le traitement moral et juridique d’un conflit qui menace la région de dérives de plus en plus imprévisibles. Il confirme que les relations internationales, ainsi que le droit international qui est censé les régir, sont devenus depuis le 7 octobre 2023 un champ de permissivité illimité de la barbarie sioniste.

Est-il seulement encore possible que la Cour pénale internationale ou la Cour internationale de justice s’enhardissent à mettre fin à cet état de fait ? La première, otage des pressions mafieuses de l’Occident, et la seconde, contrôlée par les juges qui le représentent, se paient le luxe de tergiverser alors que l’incendie ne cesse de s’étendre. Elles ne semblent pas près de venir remettre en cause le rapport de forces qui a présidé à leur création.

On peut toujours rêver que la CIJ notamment, saisie depuis 9 mois par l’Afrique du Sud, reconnaisse enfin qu’un génocide se perpètre à Gaza. Mais il y a fort à parier qu’elle se refusera à provoquer un tel séisme qui ébranlerait à sa racine la représentation humanitaire du monde établie une bonne fois pour toutes depuis le procès de Nuremberg.

On ne permettra pas à la juridiction internationale de boucler la boucle amorcée à partir du génocide des juifs par un génocide attribué à l’État juif.

 

mardi 3 septembre 2024

QUAND « PAROLES D’HONNEUR » HONORE LA PAROLE COLONIALISTE


 

Khaled Satour

Lorsque, à la commune appartenance nationale, s’ajoutent des rapports d’amitié, il est difficile d’engager une discussion approfondie et surtout d’y mêler les indispensables arguments de contradiction à son interlocuteur lorsque le discours de ce dernier devient par trop lisse et apologétique.

Un débat compatriotique

On en a eu la preuve en suivant la « Perm » de la chaîne « Paroles d’honneur » publiée ce 2 septembre sur Youtube (https://www.youtube.com/watch?v=d1UirsKW6Lg)*.

L’ainsi dénommé « militant décolonial » Yazid Arifi y recevait son « ami », membre de la Fédération nationale de la gauche démocratique marocaine, avocat à Rabat de son état, Omar Bendjelloun.

Dans cet échange consacré à la situation politique et sociale au Maroc, l’hôte a pris soin de nous prévenir d’emblée qu’ « il ne s’agit pas d’ouvrir une discussion sur la question du Sahara qui mérite une émission à part entière », ce qui dénotait une réticence de mauvais aloi chez l’animateur de l’émission-phare d’une chaîne se voulant à l’avant-garde du combat décolonial. Est-il en effet possible de débattre « décolonialement » du Maroc actuel sans aborder l’occupation de ce territoire ? A moins bien sûr de considérer que cette question n’a rien à voir avec le colonialisme.

Et c’est bien ce qui devait s’avérer l’explication adéquate, on n’a pas tardé à le savoir puisque la question, expulsée par la porte de ce débat compatriotique, l’a réintégré par la fenêtre qu’il a bien fallu ouvrir pour faire entrer la question de la normalisation du Maroc avec Israël. On ne pouvait décemment pas éluder toutes les compromissions colonialistes du Royaume chérifien !

Qu'il ait fallu que la question sahraouie force le barrage du silence dans l’humble sillage de la question palestinienne suffit à nous renseigner sur le statut qui lui est réservée dans le discours décolonial dominant.

Les courants anticolonialistes favorables à la Palestine n’ont vu dans la triple entente américano-israélo-marocaine conclue dans le cadre des accords dits d’Abraham que le coup qu’elle portait à la cause palestinienne et notamment sa « trahison » par le palais royal marocain.

L’occupation du Sahara occidental, le sort fait à son peuple, dont la moitié vit depuis des décennies dans des camps de réfugiés et l’autre subit depuis 50 ans l’occupation militaire, la colonisation civile et la répression, est le plus souvent occultée.

L’opinion anticolonialiste qui adhère à la cause palestinienne répugne à se porter au secours de la cause sahraouie. Celle-ci perturbe ses schémas de pensée : qu’une puissance régionale, ayant subi le colonialisme, se mue en colonisateur la désarçonne au point de la réduire au silence. Ou bien alors l’amène à nier la réalité comme le discours tenu par l’invité de « Paroles d’honneur » en fait la démonstration.

La normalisation : Une « erreur » DU PJD à l’insu du plein gré du Roi

Chez lui, la question du Sahara occidental devient « la question de l’intégrité territoriale du Maroc ». D’ailleurs la question de la normalisation avec Israël elle-même est réduite à une affaire de realpolitik, ce qui surprend dans l’approche d’un militant. La normalisation avec Israël, nous dit-il, est une simple « erreur ». Il précise pour s’assurer qu’on l’a bien compris :

« Le Maroc avait-il besoin de signer ces accords par rapport à des objectifs d’intégrité territoriale ou de sécurité ? Pour ma part, la réponse est non. Il y a eu une erreur que le Maroc devrait rectifier. Cette qualification d’erreur est indéniable, non pas d’un point de vue moral, nous ne sommes pas dans la morale, les relations internationales sont dans le pragmatisme. Et le pragmatisme veut qu’on ne défende pas une cause légitime avec une entité illégitime ».

L’éminent avocat et chercheur universitaire auprès de nombreuses universités s’est essayé comme on le voit au cynisme mais son sur-moi moral lui a fait s’emmêler les pieds et embrouiller les concepts car en fait la légitimité est bel et bien une affaire de morale politique et non de pragmatisme.

On aura retenu que pour lui la normalisation est une banale erreur pour cette raison qu’elle n’a apporté au Maroc « aucune plus-value sur l’intégrité du territoire ». Ce qui indique bien qu’il ne s’est pas complètement égaré dans les dédales de la morale et que son pragmatisme y a survécu, ce que démontre le fait qu’il attribue, contre toute vraisemblance, cette « erreur » au premier ministre issu du PJD (islamiste) qui a signé les accords, faisant preuve de ce réflexe pavlovien qu’ont intégré tant de Marocains de ne jamais émettre la moindre critique à l’endroit du Palais royal. Il ajoute même que cette « erreur » restera comme une « tache » dans l’histoire de ce parti !

Mais ce que je retire de plus significatif de ses propos, c’est sa conviction profonde que la « marocanité du Sahara » est, au contraire de l’occupation de la Palestine, une cause « légitime ».

Un point aveugle de la pensée décoloniale

Et que l’animateur de l’émission n’ait pas même tenté de le contredire sur ce point n’est guère à l’honneur de « Paroles d’honneur » qui, en la matière, est au diapason de la pensée décoloniale dominante, n’y ajoutant en prime que le nationalisme commun aux deux locuteurs. L’émission ne fait en effet que confirmer la permanence des œillères qui rétrécissent le regard de la pensée décoloniale.

Celle-ci s’est élaborée à partir d’une contre-histoire de la modernité occidentale qui a pillé le monde en prenant pour alibi l’infériorité raciale des peuples qu’elle soumettait à son emprise. Cette contre-histoire déconstruit avec pertinence le passé dans sa représentation hégémonique mais aussi le présent. Elle s’attarde notamment sur le sort fait à l’émigration coloniale et post-coloniale dans les anciennes métropoles. Elle se préoccupe des phénomènes de racialisation de ces minorités qui subissent une domination dont les inégalités et injustices de classe n’épuisent pas l’analyse.

Mais que propose-t-elle pour appréhender l’autre versant de la problématique décoloniale, celui des États et des sociétés décolonisés ? Une approche faite de l’extérieur, car si elle a intériorisé le vécu des minorités racialisées de l’Occident, qui furent son berceau, la militance décoloniale et plus généralement anticolonialiste, surtout en France (il en va autrement de l’Espagne où la solidarité avec les Sahraouis est agissante), n’a pratiquement pas investi les territoires des États nouveaux. Aussi se limite-t-elle à quelques considérations sur les pratiques impérialistes par lesquelles le Nord, s’appuyant sur les dictatures locales, prolonge son diktat.

S’agissant de la question sahraouie, exemple atypique de la colonisation d’un peuple du sud par son voisin fraichement libéré du colonialisme, cette pensée est mise en difficulté par une réalité demeurée dans ses énoncés un point aveugle. Comment concilier en effet un principe de solidarité entre les populations racialisées de l’émigration, qui compte une forte présence marocaine, tout en restant fidèle à son idéal anticolonialiste ? Car le fait est que la monarchie alaouite a su faire de la « marocanité » du Sahara une cause nationale, par une propagande inculquée si habilement depuis cinquante ans qu’elle emporte l’adhésion de la très grande majorité des Marocains, toutes classes et émigration comprises.

De larges secteurs du camp anticolonialiste en général se complaisent dans l’inconséquence en faisant silence sur la cause sahraouie, dont il faut dire qu’elle manque encore cruellement de relais. Quant à la pensée décoloniale, en France notamment, il lui reste à s’extraire de son aporie constitutive : on ne peut appréhender les survivances du colonialisme dans les seules institutions et sociétés des anciennes métropoles.

Que le trône marocain agisse, pour une bonne part, avec la bénédiction de l’Occident et pour la défense de ses intérêts, cela n’est pas douteux. Mais qu’il ait aussi réussi à susciter une dynamique nationale développée à partir d’un récit historique propre, pour légitimer une entreprise coloniale, voilà une réalité qui appelle une plus mûre réflexion.

Il reste à espérer que « Paroles d’honneur » ne tarde pas à rentrer de la « Perm » coloniale qu’il vient de s’accorder.

 * Ce 14 septembre 2024, je découvre que la vidéo objet de cet article a été retirée de la chaîne YouTube de "Paroles d'honneur".