Khaled Satour
L’aïd el fitr de l'année 2023, c'est aujourd'hui. Il célèbre la miséricorde et le pardon. Chaque musulman est appelé à en faire don autour de lui, sans discrimination. Mais c’est d’abord un jour de fête fait pour communiquer la joie et l’espoir.
Une journée de joie partagée à gagner contre la tristesse que suscite l’injustice. Une journée dédiée à la solidarité (qui est une autre façon de dire la miséricorde) avec ceux parmi les Algériens qui la vivent entre les quatre murs de leur prison, pour avoir cru qu'ils étaient libres de s'exprimer. Un gain fragile, une victoire à la Pyrrhus contre l’arbitraire mais qui peut constituer un bon prélude.
Dans le film « Le Verdict » de Sidney Lumet, le juge est décidé à appliquer la loi du plus fort, et pour cela à écarter toutes les dépositions et les pièces à conviction qui y font obstacle. Il exige des membres du jury de ne pas tenir compte de témoignages qui le dérangent, de faire comme s’ils n’avaient pas entendu.
Ce magistrat renvoie le jury au rang de spectateur, un peu comme nous Algériens sommes réduits au rang de spectateurs des décisions de justice par lesquelles des dizaines de nos compatriotes sont condamnés, en notre nom, à de lourdes peines de prison qui les privent de la joie de vivre cet aïd avec leurs familles. A l'exemple du juge dans cette fiction, qui en dit long sur le système judiciaire américain, les juges algériens tirent d’une loi devenant chaque jour plus injuste les arguments de l’arbitraire.
Dans ce court extrait, regardez et surtout écoutez l’avocat, joué par Paul Newman, en appeler à la justice contre le droit, contre la cour, les magistrats et leur cérémonial, pour interpeller les jurés et les réintégrer dans la partie :
« Vous êtes la loi. Pas un livre de droit, pas les magistrats ni la statue de marbre de la justice ou le cérémonial de la cour. Ce ne sont que les symboles de notre désir d’être justes. Mais ils sont en fait une prière, une fervente prière. Dans ma religion, on dit : "agis comme si tu avais la foi et alors la foi te sera accordée". Si nous voulons avoir la foi dans la justice, il nous suffit seulement de croire en nous-mêmes et d’agir avec justice. Et je crois qu’il y a une justice dans nos cœurs ».
« Avoir foi dans la justice qui est dans nos cœurs ». En ce jour où il n’est pas saugrenu d’invoquer la foi, c’est un message qui peut être reçu par les Algériens, afin qu'ils ne fassent pas comme s’ils n’avaient pas vu ni entendu.
Aïdkoum mabrouk.
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