Khaled Satour
Un génocide, ce sont des massacres quotidiens qui finissent par être innombrables et par paraître indistincts, alors qu’ils innovent sans cesse en horreur et qu’ils reculent à chaque fois un peu plus les limites de la cruauté.
Au cours de la semaine écoulée, l’armée israélienne s’est retirée de la ville de Gaza après y avoir martyrisé la population pendant plusieurs jours. La Défense civile palestinienne a exhumé le jeudi 11 juillet 60 cadavres dans les décombres du quartier de Choujaiya puis le vendredi 12 juillet 60 autres cadavres dans les quartiers de Tal al-Hawa et d'al-Sinaa. Ce fut ensuite, le 13 juillet, le massacre de 100 à 150 personnes à Al Mawassi, cette région située à l’ouest de la ville de Khan Younès que l’armée israélienne avait donnée pour sûre poussant des dizaines de milliers de civils à s’y rendre pour se mettre à l’abri. Et le 14 juillet, 15 à 20 personnes ont été déchiquetées à Nusseirat par les bombes larguées sur une école de l’UNRWA. Plusieurs dizaines d’autres vies ont été emportées depuis cette date.
Il en va ainsi à Gaza depuis bientôt dix mois. Jamais les souffrances et les traumatismes d’une humanité en enfer n’ont été pareillement vécus, répétés jour après jour, au vu et au su du monde. Quoi de surprenant dans le fait qu’il ait fini par vaquer à ses occupations comme si de rien n’était ?
La volonté génocidaire d’Israël est hélas plus obstinée et plus constante que les manifestations de solidarité avec ses victimes. La haine est inépuisable alors que l’indignation se lasse à l’épreuve de l’accoutumance.
Mais nous-mêmes qui savons d’expérience(s) que l’indignation est vaine, que seule la riposte compte, et qui constatons dans le même temps avec effarement que celle-ci ne vient de nulle part, nous avons aussi droit à notre enfer, celui de l’impuissance, hanté par les images des orphelin(e)s de Gaza, dont la détresse et le désespoir nous font si mal.
Aucune propagande ne nous convaincra de nuancer notre soutien intransigeant à la résistance palestinienne, sous toutes les formes qu’elle a prises depuis le 7 octobre. Mais aucune culture du martyre ne nous consolera des tourments infligés aux enfants de Gaza.
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