vendredi 4 août 2023

UN EXPERT EN GÉNOCIDES : LES ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE

Khaled Satour

Je n’ai pas voulu laisser passer l’occasion de montrer et de commenter cette singulière illustration de l'activisme diplomatique de l’auto-proclamé président de la Kabylie indépendante.

Une lettre adressée au président des États-Unis pour lui réclamer « une protection internationale du peuple kabyle contre le génocide ».

Oui, une lettre adressée au chef de la nation qui s’est construite sur un double crime contre l’humanité (l’esclavage de masse des Afro-Américains et le génocide à grande échelle des Amérindiens) pour lui demander d’intervenir contre « le pouvoir militaire et colonial algérien » qui « organise des incendies synchronisés avec des moyens gigantesques pour exterminer le peuple kabyle qui revendique son droit à l’autodétermination ».

On croyait que tout avait été dit sur les incendies qui ont ravagé pendant la dernière semaine de juillet plusieurs régions du Nord-Est du pays, provoquant notamment la mort de 34 personnes dans la wilaya de Bejaia : incompétence notoire des autorités, carence de la prévention et mensonges du pouvoir sur les moyens mis en œuvre pour combattre le feu et évacuer les populations.

On avait craint que le pouvoir ne sorte un nouveau récit complotiste assaisonné à sa sauce lorsqu’on avait appris il y a quelques jours que 12 personnes avaient été placées sous mandat de dépôt par le juge d’instruction à la Section de lutte antiterroriste et contre le crime organisé transfrontalier après que les tribunaux de droit commun des wilayas affectées par les incendies se soient dessaisis des dossiers en sa faveur.

Mais voilà que le MAK prend l’initiative de relancer la machine à bobards en se hissant à un niveau d’imbécilité politique qu’il n’avait peut-être jamais atteint, malgré un répertoire fort honorable en la matière : la lettre qui demande aux États-Unis une « protection internationale » semble en effet ignorer que le temps des protectorats occidentaux est révolu, et n’hésite pas à « supplier » « Votre Excellence » d’ « intervenir pour éteindre les feux » !

C’est le youtubeur Hichem Aboud qui a fait la promotion de cette requête (dans une vidéo dont est extraite la capture d’écran : https://www.youtube.com/watch?v=jj3Li-eKs7c), en se portant garant de la réalité du « génocide kabyle » qui serait à l’œuvre. Outre les rumeurs ridicules qu’il colporte sur des feux systématiquement allumés dans des oliveraies, arbre par arbre, il mentionne un processus au long cours de mesures d’ « extermination » des Kabyles : les entraves mises par le régime aux projets capitalistes de Rebrab, les propos racistes de Naïma Salhi, les retards apportés à l’enseignement de Tamazight, quelques cas de tortures exercées contre des Kabyles (parmi des milliers d’autres subis au cours des dernières décennies par des Algériens de toutes origines) et la promotion de « Kabyles de service » !

Le président du MAK et son démarcheur sur Youtube devraient donc prendre quelques informations sur ce qu’est un génocide. Et tant qu’à correspondre avec Joe Biden, pourquoi ne pas profiter de son expertise et lui demander de leur rappeler ce qu’a fait sa glorieuse nation pour réduire la population autochtone d’Amérique du Nord de 18 millions au 17e siècle à 250.000 âmes en 1900 ?

Quant à la revendication de l’autodétermination, rappelons au passage qu’elle a été pleinement satisfaite en Kabylie, comme dans toutes les régions d’Algérie, par le référendum du 1e juillet 1962 dont les résultats furent annoncés officiellement le 3 juillet. Le processus référendaire résultait lui-même de négociations ardues menées avec le gouvernement français et dont le GPRA s’est obstiné à retarder l’aboutissement pendant plus d’un an à seule fin de déjouer les tentatives faites pour amputer l’Algérie d’une partie de son territoire.

La proclamation de l’indépendance par le gouvernement provisoire de la République algérienne le 5 juillet 1962, sur la base du référendum, produit encore ses effets juridiques et politiques pleins et entiers et reste l’acte fondateur, l’expression originelle du pouvoir constituant du peuple qui a donné naissance à l’Algérie en tant qu’État souverain à l’intérieur de frontières intangibles.

 


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire