mercredi 17 janvier 2024

JE N’Y COMPRENDS PLUS RIEN

La sélection nationale palestinienne à la coupe d'Asie au Qatar

Khaled Satour

Le football revient avec le chauvinisme, les chamailleries algéro-marocaines et en prime le racisme anti-africain.

En attendant les explosions de joie dans la rue au moindre succès insignifiant de l’équipe nationale.

Depuis la coupe du monde de 1982, j’ai pris ce sport en grippe. Alors qu’Israël envahissait le Liban en vue d’en chasser la direction de l’OLP et qu’elle s’apprêtait à bombarder Beyrouth pendant deux mois, les Algériens ne vivaient que pour les exploits de leur équipe nationale à la coupe du Monde en Espagne. Lorsque cette équipe, exploitant le simple aléa du sport, a battu l’Allemagne, on a vu dans les rues d’Alger une liesse égale à celle de juillet 1962.

Quelques jours plus tard, on s’indignait plus volontiers de l’élimination frauduleuse de l’Algérie que de l’hécatombe provoquée par les blindés et l’aviation d’Israël parmi la population libanaise et les réfugiés palestiniens qui annonçait les massacres de Sabra et Chatila deux mois plus tard.

Cette année, c’est carrément sur fond de génocide perpétré à Gaza contre une population affamée, assoiffée, réduite à errer au milieu des décombres de son habitat, chassée massivement de ses lieux de vie réduits en cendres et menacée d’expulsion hors de sa patrie, que la fête du football est censée réjouir les foules. L’État algérien a encouragé et financé l’afflux de ses citoyens en Côte d’Ivoire pour appuyer la guerre sportive stupide et profondément déceptive que le pays va livrer contre les autres nations africaines. Que n’a-t-il mis la même diligence à acheminer l’assistance qui aurait allégé le malheur des Palestiniens de Gaza.

Les victoires et les défaites des sélections nationales sont des épiphénomènes également sans lendemain. Je n’ai jamais cru qu’elles engageaient en quoi que ce soit le sort des nations. Elles procurent des joies illusoires et des désillusions ridicules. Lorsque les stades finissent par éteindre leurs lampions et par renvoyer les supporters aux dures réalités de leur vie, c’est un vide d’amertume qui les submerge dans un monde qui sera resté le même.

Mais ce qui achève de me désorienter cette année, c’est qu’une équipe nationale de Palestine participe, simultanément à la coupe d’Afrique, à la coupe d’Asie qui se joue au Qatar. Quelle Palestine représente-t-elle ? je me le demande bien.

Les divisions palestiniennes sont-elles devenues si définitives que l’Autorité de Ramallah, cernée par les camps dévastés de Cisjordanie, prétende à la conquête improbable de lauriers sportifs alors que le Hamas et les autres factions résistantes mènent dans les réduits de Gaza un combat existentiel, au milieu des cadavres ensevelis sous les décombres ?

Je n’y comprends plus rien.

2 commentaires:

  1. Il n y a pas que le pouvoir algérien (comme vous l'avez dénoncé dans un de vos articles) qui se désintéresse de la cause palestinienne; le peuple aussi n'a aucune conscience politique, à part ressasser les sempiternels et éculés slogans hystériques à la gloire de la Palestine, toujours accompagnés d'incantations religieuses d'une puérilité sans nom. Et il ne faut surtout pas attendre de lui qu'il se réveille de sa longue léthargie surtout lorsque, le vrai opium du peuple, le foot lui est servi sans modération pour son abrutissement reste pérenne.

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  2. Matehchiwhanlech ga3 bel ballon (ne nous trompez avec le ballon) ! C'est ce que clamaient haut et très fort les femmes et les hommes libres quand se jouait la coupe d'Afrique en 2019. Aujourd'hui beaucoup d'algériens ont la bouche cousue, d'autres sont arbitrairement à l'ombre, d'autres ont foutu le camp qui en barque de fortune, qui avec un visa "brûlé", qui aussi de manière légale. Quant à ce vous dites sur la Palestine, moi aussi j'imagine aussi que l'équipe représente "l'autorite de Ramallah". Mais cette équipe aurait dû
    ne pas participer ... en plein génocide, commis contre les leurs frères !!! cela traduit sinon un divorce de "l'autorité" absence totale de solidarité avec les siens, du moins une faute politique grave. Merci M. Satour, vos questionnements sont très pertinents.

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