Khaled Satour
Pour sa dénonciation des crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par la France en Algérie, Jean-Michel Apathie a été suspendu d'antenne par RTL et poursuivi par la vindicte des milieux politiques et médiatiques dominants.
Le ressort de cette prise à partie est le patriotisme prétendu d’une droite et d’une extrême-droite de plus en plus décomplexées qui n’est en réalité qu’un nationalisme intolérant combinant la haine atavique de l’étranger à l’idéologie coloniale revenue en force avec le soutien manifesté au génocide israélien à Gaza.
Si les pseudo-patriotes français ont orchestré la mise à l’index du journaliste dans un climat de lynchage public somme toute récurrent dans l’histoire de France, les patriotes algériens n’ont au contraire pas raté l’occasion de louer son courage et ont vu dans cet homme de droite qui a toujours professé des idées libérales foncièrement réactionnaires un champion de la cause anticolonialiste.
Mais toute la question est de savoir s’ils étaient tous fondés à le faire de bonne foi.
Pour en juger, il faut examiner les arguments qu’a opposés Aphatie à la cabale déchaînée contre lui. Il a répliqué au patriotisme culpabilisant invoqué pour le confondre par le sien propre et affirmé haut et fort dans une tribune publiée par Libération : « J’aime la France, mais pas celle-là (celle des crimes d’État), qui m'a profondément et durablement choqué[1] ». Il aussi précisé dans une interview accordée à une télévision : « J’aime mon pays. Il y a mille manières d’aimer son pays. Mais tous ces pseudo-nationalistes l’aiment plus mal que moi ». Il ajoutait : L’AFFAIRE J.M. APATHIE ENTRE LE PATRIOTISME DES UNS ET DES AUTRES Il y a des plaies en Algérie pour le mal que nous avons fait … et la transmission de la mémoire n’est pas faite en France. On oublie, on met le couvercle[2] ».
Tel est donc le patriotisme d’Aphatie : l’amour du pays mais le refus de jeter un voile pudique sur les crimes commis par les appareils de la violence étatique, un patriotisme qui fait bon ménage avec le souci primordial d’affirmer la vérité et d’en transmettre la mémoire.
J’en conclus par la simple déduction que seuls parmi les patriotes algériens ceux qui sont prêts à accepter que leur pays et ses dirigeants soient soumis à une telle épreuve de vérité ont le droit de faire l’éloge d’Apathie sans que cela repose sur un malentendu.
Je veux parler de ceux qui ne font pas le jeu de l’occultation institutionnalisée des crimes d’État (au minimum la torture généralisée, les disparitions forcés de 15.000 personnes et l’exposition des populations sans défense à des centaines d’"Oradour-sur-Glane") commis en Algérie pendant la décennie 1990.
Quant aux autres, et toujours par déduction, ne seraient-ils pas idéologiquement plus en phase dans cette affaire avec l’extrême droite néo-coloniale française qui a vilipendé le journaliste sacrilège ?